Départ (sujet commun)

T'es pas trop dans ton élément, en grimpant jusqu'au pont supérieur. T'as laissé ton sac à dos au stand d'accueil, et tu te souviens encore de la grimace qui, pendant une fraction de seconde, a traversé le visage de l'hôtesse. Plus habituée aux valises hors de prix. Toi tu débarques seulement avec ton grand sac à dos. Tu passes sûrement pour un pouilleux à côté de quelques uns des autres passagers que tu croises. Mais le regard des gens, tu t'y es habitué depuis ta plus tendre enfance. Tu as appris à esquiver les pierres, à ignorer les insultes, les crachats. Alors tu ne fais plus attention. C'est un peu tôt pour le champagne, alors tu attrapes un verre de jus d'orange. Tu t'accoudes au bar, observant ce qui se passe. Et notamment le discours du capitaine. Ses paroles volent au dessus de ta tête comme la légère brise qui balaie le port. Toi, tu veux juste partir. T'évader. Voir l'océan à perte de vue. Plonger dedans. Te laisser aller. Alors quand tu sens le pont du navire qui ronronne, un sourire illumine ton visage. T'as l'impression d'être un marin des temps anciens, partant à la découverte de l'inconnu. T'as des étoiles plein les yeux. Parce que c'est la première fois que tu quittes Karachi, ce taudis où tu as passé toute ta vie. Et mine de rien, ton coeur, il cogne un peu plus fort que d'habitude dans ta poitrine. Tu affiches une mine sereine, mais au fond, t'as peur.

(si quelqu'un veut parler à semuel, n'hésitez pas )

Avançant sur les quais en direction du navire, traînant une valise à roulette d'une main et portant une autre plus petite de l'autre, Alexander derrière ses lunettes de soleil scrutait son environnement avec attention. Portant un léger marcel blanc et une chemise aux motifs floraux par-dessus, cette dernière virevolté légèrement en raison de la présence de douce brise marine qui provenait du littoral.

Marchant d'un pas assuré dans un ample bermuda beige, des scandales aux pieds et un borsalino surmontant son crâne rasé, l'avocat ne tarda pas à arrivé à destination. Exposant fièrement son billet avant sa montée, il vint à déposer ses valises là où était dorénavant leur place.

Ne perdant pas une seconde afin d’étancher sa soif, venant ainsi à ce délecté d'un excellent jus d'orange et d'une savoureuse viennoiserie, le quarantenaire suivit la masse et écouta d'une oreille attentif les mots du Capitaine, ne perdant pas pour autant au passage, une miette, en dévisageant quelque peu la masse afin de s'imprimer quelques visages.

Souriant et chaleureux au premier abord, l'avocat avait retiré ses lunettes et les avait placées sur son chapeau, sirotant ainsi tranquillement son verre non loin du buffet.

Tu observes le bateau qui se trouve devant toi. En temps normal tu ne serais jamais monté sur ce genre de moyen de transport, la mer c’est pas trop ton truc, même si t’adores l’eau, là n’est pas le souci, mais tout le monde sait que les poissons font pipi dans l’eau, alors beurk quoi. Tu ris à tes pensées alors que tu laisses ta valise à l’accueil, l’hôtesse te lâchant un sourire limite forcé. Si t’es là aujourd’hui c’est pour Mackenzie, ton ex. Ton ex que tu aimes encore mais que tu as blessé car t’es ce genre de mec qui assume pas encore sa sexualité devant les autres, du coup devant ta famille (très limitée vu que tu n’as que ton frère quand on y pense), il était comme un pote alors que dans ta chambre c’était nirvana. Tu te cales dans un coin, tu sais pas comment va réagir Mack’, t’as un peu peur de sa réaction, vu qu’officiellement vous n’êtes plus ensembles, il va peut-être te prendre pour un stalker ou pire. Mais tu t’en fiches, pour lui t’es prêt à tout, à t’assumer s’il le faut, même si ça te met mal à l’aise. C’est en sortant de tes pensées que tu te rends compte qu’un jeune homme se trouve à tes côtés, tu lui assènes un léger coup de coude dans un sourire et tu demandes. « Pourquoi es-tu monté ici, dis-moi ? Pour mater les minettes superficielles ou alors écouter ce fameux discours qui donne terriblement envie ? » Tu pouffes de rire en observant le capitaine au loin racontant les exploits de l’équipage et les siens par la même occasion. Dire que t’es là pour Mackenzie… Ah l’amour.

c'est d'une pichenette bien placée que le mégot s'envole, se dirigeant droit sur le trottoir te faisant face. premier joint d'la journée, faut bien commencer à un moment ou un autre. tu n'prends même pas l'temps d'attendre d'le voir atterrir au sol, non, t'as déjà tourné les talons, val. attrape ta grosse valise d'une main, te dirige vers le point d'rendez-vous. un peu d'retard mais pas grand chose, personne va t'recaler pour ça d'toute façon. pas qu'ça te gênerait, ceci dit, même si ton patron risque, lui, d't'engueuler salement. t'as pas croisé carpenter d'puis l'réveil, et tant mieux au fond, t'es pas sûr qu't'aurais apprécié d'voir sa tête au réveil. bref. tu r'joins la majeure partie des passagers sur l'pont du bateau, et râle un peu quand on te demande de laisser ta valise à côté d'toutes les autres. pas que t'ai pas confiance, juste qu'tu t'sépares jamais bien longtemps d'tes affaires. t'as l'brouillard dans la tête alors tu refuses d'trop faire d'vagues (ah ah ah, marrant quand les turbines viennent de démarrer non ?), t'as même pas écouté l'petit discours du capitaine, nan, bien trop occupée à t'demander comment tu vas pouvoir occuper ta matinée. cocktail alcoolisé qu'tu vois passer et qui finit rapidement, même pas encore 10h et t'es prête à t'saouler. tout est bon pour faire passer un moment qu'tu veux pas vivre, pas vrai ? putain d'optimiste, l'alcool suffira pas pour faire passer deux semaines sur ce bateau, c'est certain.

feel free d'rejoindre ma p'tite val, évidemment

Un nouveau chapitre de ta vie commence sur ce bateau, loin de Sydney, loin d’Aaron et de ta soi-disant meilleure amie. Tu humes l’air de l’océan postée sur le ponton du Beauty, bateau qui porte d’ailleurs très bien son nom. Tu es heureuse d’être là, tu sais que dans quelques heures tu seras au milieu de nulle part et ça te plait. Tu veux vivre autre chose, lapider tout de fric de ton ex’ et ce bateau te parait être un parfait terrain de jeu. Tu regardes tes valises Louis Vuitton passer dans les mains du personnel et tu souris, satisfaite à la vue de ce qui t’entoure. Tes talons claquent sur le ponton, tu n’en as un peu rien à faire du discours du capitaine, toi ce que tu veux c’est te goinfrer de toute cette partouze gustative qui te fait de l’œil tout en buvant une coupe de champagne, le rêve quoi, et gratuit qui plus est, du moins pour toi, quelqu’un allait bien payer. Tu prends de quoi manger et boire et tu t’installes sur un transat, tu comptes bien profiter de ce coin de paradis. Toi, l’eau et être sur un bateau pendant deux semaines sont des choses qui ne t’effraient pas. Tu aimes l’océan, tu le connais et tu le chéris. Alors que tu profites de tes premiers instants sur ce navire en route vers tes origines. Tu observes une femme à la chevelure blonde platine qui a vite avalé son cocktail. Tu te lèves pour la rejoindre, un sourire aux lèvres « Si tu continues à cette vitesse tu vas finir par vider le bar. Tu veux pas plutôt qu’on le vide ensemble ? » Tu n’es pas venue pour rester dans ton coin après tout alors autant commencer de suite par se faire des connaissances.


@Valentina Draper

Tout à coup, tu sens un léger coup sur ton bras. Haussant un sourcil de surprise, tu te retournes face à un type de ton âge, le visage rieur. Il n'a pas l'air d'être l'un de ces types guindés comme tu en as croisé quelques instants plus tôt. Ta première impression est celle d'un bonhomme amusant, sympathique. Et alors qu'il te demande pourquoi tu es là, si c'est pour le discours ou les femmes, sa bonne humeur est communicative, ton rire se mêle au sien. « Salut. » Là, face à cet inconnu, tu ne sais pas tout de suite quoi répondre. Car aucune de ses deux raisons ne s'appliquent à toi. Peut-être a-t-il acheté son billet à prix d'or, peut-être l'a-t-il gagné. Tu n'en sais rien. « Je ... je crois que je suis plutôt pour prendre des vacances. » Si tu y penses bien, il s'agit réellement des premières vacances de ta vie. Car à Karachi, au sein d'une famille chrétienne pauvre, les enfants sont très vite amenés à travailler. Récupérer les cartons et autres déchets recyclables, aider à livrer les différents restaurants, transporter des colis d'un point à l'autre de la ville. Jamais encore tu n'es resté autant de temps sans travailler. Même lors des interruptions scolaires, tu étais mis à contribution. Alors là, tu ne sais pas trop quoi répondre pour être exact. « Et toi ? Une femme ? » Il est beau garçon, alors ça ne t'étonnerait pas de le voir aux bras d'une jolie demoiselle, souriante tout comme lui. Tu lui temps la main, profitant pour faire connaissance. Car tant qu'à passer deux semaines avec les mêmes personnes, autant s'intégrer un peu, non ? « Semuel. Tu viens d'où ? » Car si tu as bien compris, avec cette croisière, les passagers peuvent être originaires d'à peu près tous les coins globe. Même si à son accent anglais, tu le dirais plutôt britannique qu'américain.

@kenneth parker